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INTRODUCTION

plus de deux ou trois qui ne savaient pas au moins lire. Ercé est peu distant de la forêt de Rennes, très-voisin de celle de Hante-Sève, où se voient plusieurs menhirs, et de celle de Saint-Pierre : j’avais ainsi un pays où les superstitions et les croyances forestières sont connues ; l’ancien château du Bordage, situe sur son territoire, et qui a joué un rôle important à l’époque de la Ligue, le voisinage de communes dont les unes, au moment de la Révolution, tenaient pour les chouans, tandis que les autres étaient ardemment républicaines, me permettaient aussi de faire porter l’enquête sur les souvenirs laissés par les événements du passé.

Dans les Côtes-du-Nord, mes séjours ont été plus variés : tous les ans je vais à Matignon où je suis né, à Dinan où j’ai été élevé. De plus, j’ai pendant deux étés fait des études de paysage à Saint-Cast, canton de Matignon, tout au bord de la mer, dans un pays où la moitié de la population est composée de pêcheurs ou de marins. Là je trouvais les légendes des fées des houles, les traditions et les superstitions relatives à la mer et aux animaux qui la peuplent. Saint-Cast ayant subi en 1758 l’invasion anglaise, ayant fourni des équipages aux corsaires de la Révolution et de l’Empire, je pouvais aussi savoir si les habitants avaient gardé la mémoire de ces faits historiques encore presque récents.

Au point de vue de l’instruction, Saint-Cast et