Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le jeune homme se présenta au château, et, comme un des bergers était parti le matin, on le gagea pour le remplacer. Il conduisit ses brebis à l’endroit où pâturait la jument blanche, et quand elle le vit, elle dansait et hennissait de joie. Il ramena ses brebis le soir ; elles étaient belles et bien repues, tandis que celles des autres bergers étaient plates et maigres. Tous les jours il retournait à l’endroit où était sa jument et son troupeau engraissait à vue d’œil, au lieu que celui des autres pâtours ne faisait que maigrir.

— Ah ! disait le roi, voici un berger qui a des brebis bien plus belles que les autres.

Les pâtours étaient jaloux de lui et ils cherchaient le moyen de le perdre. Il était défendu d’allumer de la chandelle le soir dans les étables : une nuit, le prince se mit à regarder son ruban de diamants ; il éclairait comme plusieurs lampes, et la lumière brillait à travers les fentes de l’étable. Les autres pâtours vinrent trouver le roi et lui dirent :

— Maître, le nouveau berger allume de la chandelle malgré votre défense.

Le roi vint voir, mais le pâtour entendit du bruit, et il ramassa vivement ses diamants dans sa poche. Le roi ne vit point de lumière et il traita ses bergers de menteurs.

Les pâtours se dirent :

— Pour nous défaire de lui, nous allons raconter au roi que le berger s’est vanté de pouvoir amener ici la Belle aux clés d’or.

Ils allèrent parler au roi qui fit venir le pâtour, et lui dit :

— Tu t’es vanté d’aller chercher la Belle aux clés d’or : il faut que tu l’amènes ici.

— Jamais je n’en ai parlé, répondit le prince-berger, et je ne savais pas même qu’elle existât.