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JEAN DES MERVEILLES


Il était une fois un petit garçon qui n’avait plus ni père ni mère, rien que sa vieille grand’mère. Elle n’était pas bien riche, mais elle l’éleva tout de même de son mieux. Elle l’envoya à l’école quand il fut en âge d’y aller ; il y apprenait tout ce qu’il voulait, car il avait bonne volonté ; c’était le modèle de la classe, et il écrivait aussi bien que son maître.

Un jour qu’il y avait une assemblée dans un bourg des environs, sa grand’mère lui dit d’y aller se divertir avec les autres, et elle lui donna des pièces de deux sous pour acheter ce qui lui plairait.

Il se mit en route avec ses camarades ; à un moment où il s’était un peu éloigné des autres, ils virent sur le bord du chemin une pauvre vieille bonne femme qui était assise sur la banquette et avait l’air d’une chercheuse de pain ; mais, au lieu d’avoir pitié d’elle, les petits garçons se mirent à l’appeler sorcière et à lui jeter de la boue, si bien que la vieille ne savait où se fourrer.

En accourant pour rejoindre les autres, Jean vit ce qu’ils faisaient.

— N’avez-vous pas honte, s’écria-t-il, de jeter de la boue à une personne qui ne vous dit rien ? Laissez-la tranquille, ou vous aurez affaire à moi.

Il aida la vieille à se relever et lui dit :

— Ils vous ont fait mal, pauvre vieille grand’mère ?

— Oui, répondit-elle ; toi, tu es meilleur qu’eux, tu seras récompensé et eux punis.