Elle l’ouvrit, et elle vit sa marraine qui était assise dans un beau fauteuil, mais avait l’air triste :
— N’est-ce pas toi, ma filleule ? lui dit-elle.
— Oui, c’est moi.
— Qui t’a amenée ici ?
— C’est le monsieur à qui appartient le château, et je me trouve bien ici.
— Moi aussi, ma filleule, j’ai été heureuse pendant trois jours ici, mais maintenant cela a bien changé.
— Vous n’êtes pas malheureuse pourtant, ma marraine, et vous devez être à l’aise dans ce beau fauteuil.
— Pas autant que tu le crois ; mets le bout de ton doigt, tout doucement, sur mon fauteuil, et tu verras.
La jeune fille obéit ; mais elle se brûla comme si elle avait touché un fer rouge.
— Ah ! marraine, s’écria-t-elle, comme il fait chaud dans votre fauteuil !
— Tu seras bientôt aussi chaudement que moi, filleule, car tu as ouvert la vingtième chambre, malgré la défense de ton maître : c’est le diable, et, pour te punir, il te chauffera.
— N’y aurait-il pas moyen, ma marraine, de lui échapper ?
— Si, il y en a un. Il faut que tu partes de suite ; tu rencontreras des personnes qui te demanderont où tu vas ; tu répondras : Je vais à la noce de ma sœur.
— Merci, marraine ; adieu, je pars.
La voilà qui s’en va ; sur sa route, elle rencontra beaucoup de personnes qui lui demandèrent où elle allait ; à toutes elle répondit : « Je vais aux noces de ma sœur », et tous ces gens, qui étaient les domestiques du diable, la laissèrent passer.
Elle était déjà bien loin du château, et il y avait longtemps qu’elle n’avait rencontré personne, quand elle vit un homme qui venait à sa rencontre :
— Tant pis, dit-elle, s’il me demande où je vais, je ne mentirai plus, et je lui dirai d’où je viens et où je vais.
Quand il fut près d’elle, il lui dit :
— Où allez-vous, mademoiselle ?