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contes de la haute-bretagne

Dès que Jean eut mis son pied sur celui du diable et sa main dans la sienne, il se trouva à sa porte.

Le lendemain il fit l’habit pour le petit garçon, et le lundi, le mardi et le mercredi, il fut chez le diable ; mais au bout de ce temps il refusa d’y retourner.

(Conté en 1882 par Isidore Poulain de Saint-Cast.)

VII

LA DOMESTIQUE DU DIABLE

Il était une fois une femme qui avait deux filles. L’une, qui était jolie comme une Bonne Vierge, était bien aimée de sa mère qui la mettait à coucher, dans une belle chambre, sur un lit bien souple. Pour l’autre, qui était laide, elle l’envoyait passer la nuit dans une vieille cabane au bas du jardin, sur une botte de paille.

Un soir que cette pauvre fille s’en allait tristement à sa cabane, elle rencontra un beau monsieur qui lui dit :

— Bonsoir, mademoiselle, où allez-vous comme cela ?

— Je m’en vais me coucher dans la petite cabane que l’on voit là-bas.

— Oui, je sais que votre mère vous déteste comme les sept péchés capitaux, et que vous n’avez guère de bon temps avec elle. Venez avec moi, vous ne manquerez de rien et vous serez heureuse.

— Volontiers, monsieur, répondit la jeune fille. Et elle suivit le monsieur qui l’emmena dans son château.

Le lendemain, le monsieur — qui était le diable — lui dit :

— Dans ce château où vous êtes, il y a vingt chambres : je vous permets d’en visiter dix-neuf ; mais je vous défends d’aller dans la vingtième.

Il lui remit les vingt clés, puis il partit pour trois mois.

La jeune fille se mit à visiter les chambres, et quand elle fut arrivée à la vingtième, elle se dit : « Il faut que je la voie aussi. »