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contes de la haute-bretagne.

— Je veux bien, répondit Corni-Cornon, cette fois je ne vous de­mande que l’ongle de votre petit doigt.

Le général le lui donna volontiers, et il vint dire au roi qu’il avait encore gagné la victoire. Le roi déclara que le général avait mérité la couronne, et il donna un grand repas où il invita Corni-Cornon et sa femme.

Corni-Cornon appela la jument blanche et lui dit :

— Je désire que ma femme soit la mieux habillée de toutes celles qui assisteront au repas, et je veux aussi pour moi le plus bel habit.

Il eut tout ce qu’il désirait, et il y avait juste un an et un jour qu’il avait promis de ne pas parler.

Le Roi, en le voyant bien mis, et qui causait comme tout le monde, était bien content.

À la fin du repas, il dit :

— Si chacun disait sa petite histoire, cela nous divertirait

Le général commença à raconter comment il avait battu l’ennemi, et avait gagné trois batailles.

— Ce n’est pas vrai, s’écria Corni-Cornon, c’est moi qui lui ai cédé les drapeaux : la preuve, c’est que voici son petit doigt de pied, voici son ongle ; il a les clous de mes souliers marqués sur les fesses, et le certificat du roi des ennemis est écrit sur ma poitrine.

— Que faut-il faire au général ? demanda le roi

— Pas grand’chose ; seulement faire chauffer un four et le brûler dedans.

Ce qui fut fait ; le roi donna sa couronne à Corni-Cornon, et ils vécurent heureux, sa femme et lui.

(Conté en 1880 par Auguste Macé, de Saint-Cast, matelot, âgé de 18 ans.)

IV

LE PETIT GARÇON QUI SE VENDIT AU DIABLE

Il était une fois un petit garçon qui avait dépensé tout l’argent de son père à jouer aux cartes et à courir les cabarets ; ses sœurs lui disaient qu’il fallait le lui rendre, mais comme il ne pouvait le