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contes de la haute-bretagne.

— Si tu ne me dis pas ce qu’il est devenu, je te jette dans le puits.

— Corni-Cornon.

La princesse rentra chez elle, et se promit de bien veiller le len­demain. Corni-Cornon appela encore sa jument, et lui demanda de le rendre plus beau que les autres jours, et de lui donner un plus beau cheval. Quand la princesse le vit, elle sauta par la fenêtre et ne vit que Corni-Cornon (alors elle se douta que lui et le prince ne faisaient qu’un).

Les soirs d’après elle ne le vit plus se promener sur son cheval, et elle dit au roi :

— Papa, j’ai envie de me marier, il faut que tous les hommes du royaume passent par ma chambre, et celui auquel je donnerai ma boule sera mon mari.

Les princes et les seigneurs vinrent l’un après l’autre, et elle ne leur donna point sa boule, puis vinrent les marchands et les labou­reurs, et même les valets de charrue, mais elle garda sa boule et elle dit :

— Tout le monde n’est pas venu : où est Corni-Cornon ?

On alla le chercher et la princesse lui donna sa boule. Ils se marièrent, et le roi, furieux d’avoir un pareil gendre, les envoya vivre dans un château isolé, mais sans rien leur donner pour manger. Corni-Cornon appela sa jument blanche, et sa femme et lui ne manquaient de rien.

Le roi déclara la guerre à un de ses voisins, et dit que celui qui aurait gagné la victoire aurait sa couronne. Il fallait gagner trois batailles de suite.

Corni-Cornon fit comprendre par signes au roi qu’il voulait aller à la guerre, mais le roi lui fit donner un sabre de bois et un cheval qui n’avait que trois pattes, en lui disant :

— Tu peux partir huit jours avant les autres.

Quand Corni-Cornon vit le moment où le général et l’armée allaient passer, il monta à cheval et alla se poster près de la route dans un bourbier, et il halait sur la queue de son cheval comme