— Regarde bien ; que vois-tu ?
— Un nuage de poussière.
— Eh bien ! je vais me changer en maison, et toi en maçon et tu vas me couvrir de mortier.
— Maçon, n’avez-vous point vu Mlle la Noire et son mari ?
— Donnez-moi du mortier, répondit le maçon.
— Les avez-vous vus ?
— Je suis à travailler ; au lieu de me parler, donnez-moi du mortier.
— Elle revint trouver le diable et lui dit :
— Je n’ai rien vu qu’une maison en construction, et un maçon qui demandait du mortier.
— C’étaient eux, dit le diable ; retourne et tâche d’être plus fine.
— Regarde bien, disait la Noire à son mari en fuyant ; ne vois-tu rien ?
— Si, je vois une grosse poussière.
— Je vais me changer en poule et toi en coq.
— N’avez-vous point vu Mlle la Noire et son mari ? leur demanda la femme du diable ?
— Cocolico ! répondit le coq.
La femme retourna et dit à son mari :
— Je n’ai rien vu, qu’une poule et un coq.
— C’étaient eux, dit le diable : es-tu sotte ! retourne bien vite.
Elle courut, et la Noire et son mari fuyaient :
— Regarde bien, continua la Noire, ne vois-tu rien venir ?
— Si, je vois un gros tourbillon.
— Je vais me changer en ourse et toi en lion, dit-elle.
Quand la femme du diable arriva, elle dit :
— Vous n’avez point vu Mlle la Noire et son mari
— Dans mon ventre, s’écria l’ourse ; elle et le lion se jetèrent sur la femme du diable et la dévorèrent, et je pense qu’ils se sont sauvés.