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contes de la haute-bretagne

Le jeune, garçon, était bien embarrassé, car l’échelle était toute petite et n’arrivait pas au tiers de la hauteur, et il se mit à réfléchir sans pouvoir découvrir le moyen de venir à bout de cette entreprise difficile. Une des filles du diable, qui se nommait la Noire, vint le voir, et, lui dit :

— Quelle est l’épreuve que mon père vous a imposée ?

— Il m’a ordonné de prendre le coq qui est dans le haut de cet arbre, sans monter à l’arbre, et sans me servir de fusil.

— Tu vas, dit la Noire, me tirer tous mes os, et les mettre les uns sur les autres ; ainsi tu arriveras au haut et avec un bâton tu frapperas le coq ; il faudra que tu aies bien soin de ramasser ensuite tous mes os.

La jeune homme fit ce que la demoiselle lui avait, ordonné et il attrapa le coq, mais oublia de ramasser un des doigts de pied qui fut perdu.

— C’est bien, lui dit Tribe-le-Diable, tu as encore deux autres choses à faire : pour commencer tu vas planter une épingle dans le tronc d’un chêne, et tu seras à plus de trente pas de l’arbre.

Voilà le garçon bien embarrassé. La Noire vint encore à son secours :

— Je vais, dit-elle, te donner un pistolet ; tu feras, entrer l’épingle dans un de mes os, tu mettras l’os dans le pistolet, et en tirant tu atteindras l’arbre.

— Maintenant, lui dit le diable quand il vit l’épingle piquée dans l’arbre, il faut que tu attrapes, un louis d’or qui est dans le haut d’un chêne, et quand tu l’auras, tu t’envoleras.

La fille dit au fils du quartier-maître :

— Tu vas prendre mes os et les mettre bout à bout, et, quand tu auras pris le louis d’or, tu te tiendras sur mes os, et tu t’envoleras avec.

Lorsque la troisième épreuve eut été accomplie, la Noire dit au fils du quartier-maître.

— Rends-moi tous mes os et fais bien attention à n’en perdre aucun.

Il les ramassa tous, mais il eut beau chercher, il ne put trouver le petit doigt de pied.