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contes de la haute-bretagne.

— Si tu veux, dit le monsieur, venir avec moi pour un an et un jour, je vais te la rendre.

— J’y consens, répondit le jeune homme.

— Eh bien, dit l’homme en lui remettant une bourse bien garnie, dans un an et un jour, tu viendras me chercher à la Montagne verte.

Quand le quartier-maître fut de retour, il trouva sa fortune intacte, et il dit à son fils :

— Tu t’es bien conduit, et tu n’as guère dépensé.

— C’est, répondit le fils, que j’avais du chagrin de ne plus te voir. Mais j’ai promis à un monsieur d’aller passer avec lui un an et un jour.

— Vas y, puisque tu as promis, répondit son père.

Le jeune homme se mit en route : le voilà parti loin, bien loin. Quand il eut beaucoup marché, il rencontra une vieille bonne femme et lui dit :

— Savez-vous, où est la Montagne verte ?

— Oui, répondit la vieille, c’est sur elle qu’est la maison de Tribe-le-Diable et elle est à six cents lieues d’ici.

Il marcha encore, et, après plusieurs jours de route, il fit encore la rencontre d’une vieille femme, à laquelle il demanda s’il était éloigné de la maison de Tribe-le-Diable.

— Elle est à quatre cents lieues d’ici, répondit la vieille.

À force de marcher, le jeune garçon fît beaucoup de chemin, et arriva à la maison du diable qui lui dit :

— Te voilà, mon garçon : si tu accomplis les trois épreuves que je vais te donner, tu auras une de mes filles en mariage ; mais si tu n’en viens pas à bout, tu seras tué.

— Quels sont ces travaux ? demanda le jeune homme.

Tribe-le-Diable mit un coq dans le haut d’un arbre :

— Voilà, dit-il, un coq qu’il faut que tu attrappes sans te servir de gaule, ni de fusil, et sans grimper après l’arbre, mais tu pourras te servir de l’échelle qui est posée à terre.