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contes de la haute-bretagne.

descendit. Mais en regardant de nouveau en l’air, il vit qu’il avait laissé une pomme tout en haut du pommier, et il remonta la prendre.

Le petit Pierre et sa mère se remirent en route, et à la fin de la journée toutes les pommes étaient mangées, excepté la dernière que le petit gars avait cueillie et qu’il avait ramassée dans sa poche. Il la partagea en deux pour donner la moitié à sa mère, mais au milieu de la pomme il trouva une boule d’or. Sa mère la lui attacha au cou comme une médaille, et tous les deux continuèrent à marcher.

Quand ils furent bien loin, ils aperçurent un beau château devant lequel étaient des géants qui s’amusaient à jouer aux quilles avec une boule qui pesait cinq mille. Depuis que le petit Pierre avait au cou sa boule d’or, il était bien plus fort qu’un géant, et rien qu’à toucher un arbre, il le jetait par terre. Il s’approcha des géants, leur prît leur boule et les tua tous.

Le voilà maître du château, et il y entra avec sa mère, et se mit à le visiter. Il trouva un fusil et des munitions qu’il prit, et il partit à la chasse, et il revint manger le dîner que sa mère lui avait préparé. Après son repas, il retourna encore à la chasse, et en ren­trant le soir, il vit avec sa mère un géant ; mais, comme il n’était point méchant, il resta à vivre avec eux.

Un jour, il dit au petit Pierre :

— Avec les richesses que tu as maintenant, si tu voulais tu épouserais bien la fille du roi.

— Non, répondit Pierre, je ne veux point la fille d’un roi.

— Eh bien ! dit le géant, viens avec moi.

Il le mena dans une maison couverte en paille où il y avait dans le foyer un vieux bonhomme et une jeune fille âgée de vingt ans, qui était si belle, si belle, que le fils du roi l’avait demandée en mariage ; mais elle n’avait pas voulu de lui.

Pierre la demanda à son père qui voulut bien l’accepter pour gendre, et la fille aussi fut bien aise de se marier avec lui.

Deux ans après, la mère du petit Pierre mourut, et le géant ne lui survécut guère. Mais petit Pierre demeura avec sa femme et vécut heureux.

(Evran, 1880)