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contes de la haute-bretagne

La bête assomma le géant et vint rejoindre son maître. Comme il avait besoin de se raser, il alla chez un perruquier avec sa bête, et elle lui fit signe qu’elle voulait aussi être rasée.

Le perruquier se mit à la raser, et à mesure que le poil tombait, on voyait paraître une figure d’homme, et quand ce fut fini, le jeune garçon reconnut son frère qui lui ressemblait comme se ressemblent deux gouttes de lait. Il l’embrassa, et la bête lui dit :

— J’avais bien vu que tu étais mon frère ; sans cela je t’aurais écharpé comme les soldats qu’on avait envoyés pour me tuer. Maintenant, nous allons voir notre mère.

Ils arrivèrent chez eux, et la mère fut malade huit jours de la joie qu’elle eut de revoir son fils qu’elle avait cru perdu.

(Conté en 1880 par Auguste Macé, de Saint-Cast.)

XI

PETIT PIERRE, OU L’ENFANT DE SEPT ANS

Il y avait une fois une bonne femme qui n’avait qu’un fils ; mais elle était si pauvre qu’elle avait encore peine à lui donner du pain. Un jour elle lui dit :

— Mon petit Pierre, si tu veux m’en croire, nous allons prendre Un bissac et aller chercher notre pain de porte en porte.

— Non, répondit-il, j’aime mieux voyager, peut-être que sur notre route nous pourrons trouver de l’ouvrage.

Les voilà donc partis, et quand ils furent bien loin, bien loin, ils aperçurent une forêt et ils y entrèrent. Il était tard, et ils n’a­vaient pas mangé de la journée ; mais ils étaient si lassés qu’ils ne pouvaient plus mettre un pied l’un devant l’autre. Le petit Pierre dit à sa mère :

— Nous allons coucher ici, et demain matin nous partirons pour aller encore plus loin.

Quand il se réveilla, il s’aperçut qu’il était couché au pied d’un pommier : il grimpa dedans et cueillit toutes les pommes, puis il