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contes de la haute-bretagne.

— En ce cas, dit l’aîné, c’est moi qui aurai le chat.

Ils se mirent en route tous les trois pour chercher à gagner leur pain, et ils emportèrent avec eux leur héritage. Ils arrivèrent dans un pays où l’on faisait la moisson ; mais au lieu de scier le blé, les gens se servaient d’une alène pour couper chaque brin, et il y avait une multitude de monde qui y étaient occupés, et encore ils n’avançaient guère à la besogne. Celui qui avait la faucille s’approcha des moissonneurs et leur dit :

— Ah ! mes pauvres gens, est-ce ainsi que vous ramassez le blé ici ?

— Oui, répondirent-ils, c’est l’usage du pays.

— Voilà, dit-il en montrant sa faucille, une petite bête qui va bien plus vite en besogne.

Il prit sa faucille, et en quelques minutes il eut coupé un sillon tout entier. Il remit sa faucille sur son épaule en disant :

— Quand on a fini un sillon, on met la petite bête sur son épaule, et on recommence à l’autre.

— Voulez-vous, demandèrent ceux à qui était la maison, nous vendre votre petite bête ?

— Non, répondit-il.

— Si, vendez-nous-la. Combien voulez-vous ?

— Six cents francs.

— C’est trop cher.

— Au revoir, dit le garçon, qui remit sa faucille sur l’épaule et s’en alla. Mais bientôt il entendit crier :

— Hé ! jeune homme, voulez-vous vendre votre bête cinq cent cinquante francs ?

— Oui, répondit-il.

Ils lui comptèrent l’argent, et il dit à ses frères :

— Maintenant nous allons avoir de quoi manger du pain.

Les trois frères continuèrent leur route et arrivèrent à une maison où ils demandèrent à loger.

— Nous voudrions bien, répondirent les gens ; mais on ne peut