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contes de la haute-bretagne

La bête se coucha à son tour, et le garçon se mit à faire ma­nœuvrer les vis ; mais la bête eut beau crier, il ne cessa de la serrer que quand elle fut morte et écrasée.

Le lendemain, la bonne femme vint voir ce qui s’était passé, et elle fut bien surprise de la grosseur de la bête qui, bien que morte, faisait encore peur.

Le jeune garçon épousa peu après la fille ; il y eut de belles noces, et moi qui y étais, on me mit à m’en aller le soir, et c’est tout ce que j’en eus.

(Conté par Aimé Pierre, de Liffré, 1876)

VII

LE PETIT FORGERON

Il y avait une fois un petit garçon qui travaillait comme apprenti dans une forge. Un jour, il dit à son patron :

— Ma foi, bourgeois, vous n’avez pas maintenant grand ouvrage, j’ai envie de vous quitter pour voyager.

— Eh bien, lui répondit le maître de la forge, puisque tu as envie de courir le monde, je vais te donner un sabre et une cas­quette.

Voilà le petit forgeron parti : il alla loin, bien loin, sans boire ni manger, et il avait grand’faim quand il aperçut une maison. Il hâta le pas pour y arriver, et quand il fut à la porte, il demanda si on n’avait pas besoin d’un domestique :

— Oui, répondirent les gens de la maison, il nous en faudrait un, mais la place n’est guère bonne. Nous avons eu plusieurs domestiques ; et tous ont été tués pendant qu’ils étaient aux champs, sans que l’on sache comment cela est arrivé.

— Je n’ai pas peur, dit le petit forgeron ; mais avant de com­mencer mon service, je voudrais bien manger, car, depuis trois jours, je voyage sans avoir trouvé un morceau de pain.

On lui servit de quoi le rassasier, et quand il eut mangé à sa