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contes de la haute-bretagne.

Les quatre voyageurs entrèrent dans le château qui était grand et vaste et où ils trouvèrent des provisions en abondance, et après avoir bien soupé, ils se couchèrent dans de belles chambres.

Le lendemain, trois des frères partirent pour la chasse, et laissèrent Bras-de-Fer à la maison pour surveiller la cuisson du dîner et les avertir en sonnant la cloche du moment où ils devraient rentrer pour manger.

Bras-de-Fer mit sur le feu la marmite à soupe et des casseroles où cuisaient des viandes : à neuf heures, il vit arriver un tout petit homme qui avait une longue barbe rouge, et qui répétait en grelotant :

— Houhouhou ! qu’il fait grand froid !

— Chauffe-toi, petit bonhomme, il y a dans la cheminée un feu bien allumé.

Le nain s’assit dans le foyer en disant :

— Comme il fait bon ici.

Bras-de-Fer se mit à tailler le pain pour la soupe, et au moment où il s’approchait de la marmite pour prendre le bouillon, le nain souleva le couvercle et jeta une poignée de cendres dans le pot au feu.

— Je vais te faire passer par la fenêtre, petit insolent ! dit Bras-de-Fer.

— Si tu peux, riposta le petit homme.

Comme Bras-de-Fer s’approchait pour exécuter sa menace, le nain le saisit et le fit entrer de force entre deux armoires scellées au mur, puis il s’en alla en ricanant. Bras-de-Fer fit les plus grands efforts pour se dégager, mais il ne put y parvenir.

Les chasseurs furent surpris de voir le soleil marquer midi sans que la cloche se fît entendre ; ils crurent que leur frère avait oublié de la sonner, et ils revinrent au château avec l’intention de lui reprocher sa négligence. Le pain était sur la table, et les casseroles sur le feu, mais ils n’aperçurent pas d’abord Bras-de-Fer, et ce