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Seuls, ils s’affranchirent de la technique étroite : l’un pour dire en une musique plus libre, chanteuse, séduisante et navrante comme Ophélie, son âme musicale et folle ; l’autre pour essayer d’enfermer son noble et rigoureux esprit en je ne sais quelle forme informe, détruite par un trop grand effort d’absolu. Sully-Prudhomme n’a jamais tenté l’évasion et son Testament poétique en est, malgré les protestations qu’il contient, une preuve nouvelle.

Ce livre se divise en deux parties. La première est « un examen attentif des conditions les plus essentielles, fondamentales, de la poétique française. » La seconde contient « quelques vues générales sur les sources où le poète puise une inspiration digne de son rôle social et de son art. »

Sully-Prudhomme s’efforce de démontrer que la prosodie parnassienne est la prosodie française absolue. Il veut « rattacher à des lois positives le régime des sons dans le vers » et fait la mathématique de la versification ou, si l’on préfère, « un petit chapitre de l’acoustique ». Ce théoricien est un esprit admirablement systématique et les hommes du dix-huitième siècle auraient aimé sa construction ingénieuse et