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sont pleines de plaintes et d'indignations sur de tels dommages.

— Celui qui sait les choses dont il parle ne conseille-t-il pas les actions les plus utiles ?

— Je ne sais que répondre, Socrate.

— Le médecin n'est-il pas celui qui sait ce qui convient au corps et qui conseille ce qui convient au corps ?

— C'est bien celui-là que j'appelle médecin.

— Mais, s'il est nuisible au corps, est-ce parce qu'il connaît la médecine ou parce qu'il l'ignore ?

— Parce qu'il l'ignore.

— Et le pilote qui perd le vaisseau, dirons-nous, qu'il est savant dans la science du pilote ou qu'il est ignorant ?

— Qu'il est ignorant.

— Donc le magistrat qui me cause un dommage ignore la science des choses utiles ?

— Il l'ignore, Socrate. Je crois pourtant que le peuple l'ignore plus que lui.

— Mais le magistrat et l'orateur ne sont-ils jamais des mercenaires qui songent à leur propre intérêt non à celui du peuple ?

— Ils sont souvent intéressés, en effet.

— Et n'arrive-t-il jamais, même lorsqu'ils savent, qu'ils mentent soit pour flatter le peuple, soit pour satisfaire quelqu'un qui leur a donné de l'argent, soit pour toute autre raison ?

— Je crois que les magistrats et les orateurs mentent souvent.

— Mais un homme peut-il avoir un plus grand intérêt que celui de dire la vérité ?