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choses aussi bien que la connaissance de nous-même. Mais le Ménon, dialogue où il fait découvrir à un ignorant, par des moyens faussement maïeutiques, la mesure du carré construit sur l’hypothénuse, est sans doute une ingénieuse fantaisie de Platon[1].

Le Connais-toi toi-même signifie probablement pour Socrate : « Ne t’inquiète pas des connaissances extérieures. Les carrés et les hypothénuses ne peuvent rien pour ton bonheur, ni les dieux ou les astres ». C’est ce qui donne sens et plénitude à la parole magnifique de Cicéron : « Socrate fit descendre la philosophie du ciel sur la terre ». Socrate a-t-il dit un jour que nous trouvions en nous toute connaissance ? Alors, je soupçonne qu’il a voulu dire toute connaissance nécessaire. Pour le sage Socrate, nous trouvons en nous la connaissance des « lois non écrites » de l’action. Le métaphysicien Platon croit nous y faire découvrir aussi les lois mathématiques ou physiques. Socrate ne semble pas homme à s’égarer dans ces vastes rêves et à tituber dans de telles ivresses.

  1. Aux Véritables Entretiens de Socrate, j’ai reconstruit le Ménon de façon plus socratique (livre premier, chapitres X et XI).