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à des bouviers qui chaque soir ramèneraient à l’étable un troupeau moins nombreux et plus maigre. Il est l’indépendant qui proclame sa conscience, non les conventions de droite ou les conventions de gauche.

Toutes les paroles authentiques de Socrate sont des paroles individualistes. « L’ordre qui s’appuie sur la contrainte, non sur la persuasion, je l’appelle tyrannie, je ne l’appelle pas loi. » Sa sagesse est indépendante de toute politique, puisque à ces « lois écrites » auxquelles, lorsqu’il parle strictement, il refuse le nom de lois, il oppose les lois véritables, les « lois non écrites » ; puisque tout ordre qui s’accompagne d’une sanction artificielle lui paraît perdre le droit de s’appeler loi. Elle semble indépendante de toute théologie, si nous admettons, comme il est vraisemblable, que le démon intérieur qui l’arrête souvent au bord de l’action n’est que sa conscience, promulgatrice des lois non écrites. Dans l’Eutiphron, il exprime le plus profond mépris pour les prêtres et pour les cérémonies. On connaît de quel dédain il couvre les hommes qui demandent aux oracles ces conseils qu’on doit tirer de soi-même.

On a beaucoup discuté sur le procès de Socrate