Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



du remède épicurien. Toutefois, si je ne me trompe, il y a ici quelque chose d’accidentel au moins autant que quelque chose de foncier. La subtile transsubstantiation épicurienne me paraît n’avoir réussi qu’à des hommes de loisir ; et elle me réussit dans les périodes de loisir. Le nonchaloir épicurien s’accompagne d’une certaine paresse extérieure. La littérature épicurienne est très abondante, mais nul épicurien grec n’a écrit avec originalité ou avec application. Tous répètent le maître et dans une forme négligée. Épicure lui-même s’est abandonné à une facilité qui, par la grâce de sa nature non par le mérite de son effort, reste presque toujours souple et aimable. L’ancien maître d’école de Samos a écrit ses trois cents ouvrages en maître d’école génial mais incapable de se corriger. À forcer un peu les choses, on affirmerait qu’il a pensé seulement lorsqu’il s’y est vu contraint. Son éthique est originale par nécessité : ne trouvant nulle part le refuge dont il avait besoin, ce paresseux a dû bâtir sa maison. Autant qu’il l’a pu, il a emprunté matériaux et pans de mur ; par exemple, il a négligemment adopté la physique de Démocrite. Et, au détail de la recherche scientifique, il apporte une indifférence socratique. Pourvu qu’on sache que toute cause est naturelle,