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à la statue Humanité ? Il est vrai que le Progrès, d’après Spencer, est inévitable. Mais ou bien l’individu n’a rien à faire et toute considération éthique devient futilité ; ou bien, la direction du Progrès étant déterminée, l’individu doit, ne fût-ce que pour son propre bonheur, se jeter dans ce courant irrésistible et marcher volontairement dans cette fatalité. La morale spencérienne semble condamnée à disparaître ou, perdant toute indépendance, à se fondre dans une sociologie et dans une politique.

Mais voici qu’il me plaît, rejetant, dès qu’elles me sont devenues inutiles, les sévérités de la méthode, d’étudier en elle-même, et non plus seulement en fonction de ma conduite, la question du Progrès.

Lorsque j’écrivais les premiers manuscrits de ce livre, je niais qu’il y eût rien à attendre d’aucune époque humaine. Je viens, dans la réfutation du rêve spencérien, d’adoucir bien des expressions, de détourner vers le seul progrès passif ce qui était dit d’abord contre tout progrès possible. N’est-ce pas pour des raisons pragmatiques, par crainte de laisser diminuer, troubler ou détourner ma puissance de travail, que je m’installais par delà l’espoir ? Tout en protégeant dans