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NOTES

Se samblent apostres emprunté
Kant sor lor beste sont monté ;
Einsi quièrent lor garison ;
Mais ne quier trouver accoison
Par quoi me mète en lor prison.
S’aurai encore au siècle esté
Là où j’ai Rois de Cambray non ;
Ains c’on m’apiaut Frère à l’asnon
Ara mout pléu et venté.

S’en l’ordre des clers de Paris main
Qui de saint Jaques ont le reclain
Ains qu’il fut estorez enfin,
Kant jou n’ai à mengier au main
Si n’ai au vespre soif ne fain,
Einsi paist Dieu moi et autrui ;
Mais li convoiteus plain d’anui
Mettent lor viande en estui,
Vers Dieu sont enfrun et vilain,
Et j’ai si grant fiance en lui
Que, s’il de moi bien pense hui,
Einsi fera-il miex demain.

Une ordre sai fort et constable[1]
Et vers le cors pou amiable :
Autresi vivent com reclus.
Il n’a en auz trufe ne fable,
Chascuns a son fu et sa table,
Xiij. en y a en bos repus ;
C’est de haire chascuns vestus.
S’aveuc tex gens ière rendus,
Ma char seroit pou délitable.
Vrais Diex ! attenderai-je plus !
Ains que li chevax fust perdus
Feroit trop bon fermer l’estable.

Une ordre sai fort et nouvele :
Chascuns s’i saint d’une cordele[2].
Mult est fort la religions ;
Bone est, ce cuit, mais n’est pas bele.
Frère Meneurs chascuns l’appele ;

  1. Je crois cette strophe relative aux Chartreux.
  2. Les Cordeliers.