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ET ECLAIRCISSEMENTS.

feste alors sa joie de retrouver dans un brave guerrier le fils du viel Elye, et Lusiane, après s’être excusée de son emportement, témoigne beaucoup d’amitié à Mirabel, qui ne tarde pas à être baptisée et à devenir la femme d’Aiol en présence du duc Elye, auquel le roi rend tous ses biens. Ici, avec la célébration des noces, qui a lieu n’en maison, n’en chastel, ne en sale pavée, mais dans une grande plaine aux portes de Langres, le roman semblerait devoir se terminer : il n’en est rien. Makaire de Losane, dont Aiol avait cependant obtenu le pardon de Louis, peu touché de cette générosité, vient surprendre les convives, s’empare d’Aiol et de sa femme, les emmène à Losane, et les fait plonger dans un cachot, où, pendant que le duc Elye et le roi Louis assiègent la ville pour les délivrer, Mirabel donne le jour à deux enfants. Makaire, sur le point d’être forcé dans Losane, essaie de noyer ces deux enfants dans le Rhône ; mais ils sont sauvés par un gentilhomme nommé Tieris. Makaire, au moyen d’un stratagème, s’échappe à travers le camp ennemi, emmenant avec lui Aiol et Mirabel, auxquels il a fait auparavant jurer sur sains de ne rien dire. Tous deux par respect pour leur serment tiennent la parole donnée, et Makaire se retire à Pampelune, où il se fait mahométan et livre Aiol au roi Mibrien. Comme celui-ci et Mirabel refusent de quitter le christianisme, le roi, qui devrait cependant s’estimer heureux d’avoir retrouvé sa fille, les fait plonger dans un cachot en attendant leur supplice. Heureusement des voleurs, qui pour lui dérober un grand trésor avaient creusé un souterrain aboutissant à la prison, sont entendus par Aiol. À sa prière ils lui ôtent ses chaînes, et s’apprêtent à rendre le même service à Mirabel quand soudain des gardes arrivent, et Aiol est forcé de partir sans sa femme. Bientôt il est vendu comme esclave par ses libérateurs au roi Grasiens, maître de Tornebrie, qui lui donne des armes à condition qu’il l’aidera contre le roi Floriens, son ennemi.

À la cour du roi Grasiens Aiol trouve Tieris et sa femme, qui s’y sont réfugiés avec ses deux fils nommés, l’un Tumas, et l’autre Manesier, et auxquels le roi, qui les aime, a lui