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tenu aux comtes de Champagne. Nous apprenons par ces paroles de Nithard : Utrumque pagum barrisum (l’un et l’autre pays de Bar), que dès le temps de Louis-le-Débonnaire il y avait deux pays barrois. Ce ne fut qu’au 13e siècle que le comté de Bar-sur-Seine, qui avait eu ses seigneurs particuliers avant l’an 1000, passa aux comtes de Champagne par la cession que leur en fit en 1223 le dernier descendant de Milon, comte de Bar-sur-Seine sous Hugues-Capet. Lorsque Thibaut IV en prit possession la ville de Bar-sur-Seine était encore dans l’état de servitude ; il affranchit la châtellenie qui en dépendait du droit de main-morte, et, par une charte datée de 1231, il ordonna que la commune de cette ville fût gouvernée par un mayeur, ou maire, et par douze échevins, dont la juridiction s’étendrait sur tout le comté. Celle ordonnance fut observée jusqu’à l’établissement d’un bailliage dans cette ville, c’est-à-dire jusqu’au 16e siècle.

Thibaut V son fils, dont nous nous occupons, continua à montrer envers cette cité la même bienveillance que son père : il y fonda en 1269 une collégiale dans l’église paroissiale, et y provoqua plusieurs établissements d’utilité publique. Ce furent ces bonnes dispositions qui firent de Bar-sur-Seine une ville importante. Au 14e siècle on la regardait encore comme une des plus vastes du royaume, et Froissart a écrit d’elle :

La grand’ville de Bar-sur-Sayne
Close de palis et de saignes
A fait trembler Troye en Champaigne.

Sa décadence ne date que de 1359, époque à laquelle un parti anglais, durant la captivité du roi Jean l’ayant saccagée, y brûla plus de neuf cents bons hôtels, ainsi que le rapporte Froissart.

Le comté de Bar-sur-Seine fut réuni à la couronne en 1435 par le traité d’Arras.