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LI DIZ DE L’ERBERIE.

ne de ces povres herbiers[1] qui vont par devant ces mostiers, à ces povres chapes mau cozues, qui portent boîtes et sachez, et si estendent .i. tapiz ; car teiz vent poivre et coumin et autres espices, qui n’a pas autant de sachez com il ont. Sachiez que de ceulz ne sui-je pas ; ainz suis à une dame qui a non madame Trote[2] de Salerne, qui fait cuevre-chief de ces oreilles, et li sorciz li pendent à chaainnes[3] d’argent par-desus les espaules ; et sachiez que c’est la plus sage dame qui soit enz quatre parties dou monde. Ma dame si nos envoie en diverses terres et en divers païs, en Puille, en Calabre, en Tosquanne, en Terre de Labour, en Alemaingne, en Soissoinne, en Gascoingne, en Espaigne, en Brie, en Champaingne, en Borgoigne, en la forest d’Ardanne, por occir les bestes sauvages et por traite les oignemens, por doneir médecines à ceux qui ont les maladies ès cors. Ma dame si me dist et me commande que, en queilque leu que je venisse, que je déisse aucune choze si que cil qui fussent entour moi i prissent boen essample, et por ce qu’ele me fist jureir seur sainz quant je me départi de li, je vos apanrai à garir dou mal des vers se volez oïr. — Voleiz oïr ?

[4] Aucune genz i a qui me demandent dont les

  1. Herbiers : le statut de la faculté de médecine rédigé en 1281, sous le décanat de Jean de Chérolles, défend au Herbiers de donner aucun remède altérant, laxatif ou autre, si ce n’est en présence d’un médecin, excepté les remèdes vulgaires, tels que sucre rosat, eau rose, etc.
  2. Ms. 198 N.-D. Var. Crote.
  3. Ms. 198 N.-D. Var. A .ij. channes.
  4. Le Ms. 198 N.-D. commence l’alinéa par ces mots : « De par Dieu, aucune, etc. »