Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
DE SAINTE ÉGLISE.

Car véritez a fet son lais.
Ne l’ose dire clers ne lais :
Si s’en refuit en son repère
Qui la vérité veut retrère.
Vous dotez de vostre doère,
Si ne puet issir dou palais,
Car les denz muevent le trère[1]
Et li cuers ne s’ose avant trère :
Se Diex vous het, il n’en puet mais.

Ahi ! prélat et nervoié,
Com a l’en or bien emploié
Le patremoine à Crucefi !
Par les goles vous ont loié
Cil qui sovant ont rimoié
Dieu lessié por son atefi !
Dou remanant vous di-je : Fi !
N’en aurez plus, je vous afi ;
Encor vous a Diex trop paié.
De par ma langue vous desfi :
Vous en yrez de fi en fi
Juqu’en enfer le roié.

Il est bien raison et droiture
Vous laissiez la sainte Écriture,
Dont sainte Église est desconfite :
Vous tesiez la sainte Escriture,

  1. Sans aucun doute Rutebeuf, par le rapprochement de ces deux expressions denz et palais, a voulu se livrer ici à un jeu de mots assez peu digne du titre de la pièce où il se trouve, et qui a le malheur de rappeler aujourd’hui ce calembourg d’une spirituelle parade moderne (Le Sourd ou l’Auberge pleine ), dans laquelle l’un des personnages dit en parlant d’un autre qu’il a un palais près de Sédan (ses dents).