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DE LA VIE DOU MONDE.

Comment troveront-il en cest siècle lor vie[1] ?
Il sont trop tart venu, car il est jà complie,
Et s’est li pains donnés, ne s’i atendent mie.

Convoitise, qui fait maint avocas mentir
Et le droit bestorner et le tort consentir,
Les tient en sa prison[2], ne les lait repentir
Devant qu’ele lor face le feu d’infer sentir.

Nous avons .ij. preudomes[3] qui font tos les destors[4],
Car il tienent en cause[5] et les drois et les tors :
Se meum fust bénis et tuum fust mors[6],
Teus chevauche à lorain qui troteroit en tors.

Sor totes autres ordres doit-on mult honorer[7]
L’ordre de mariage et amer et garder :
Li feme à son baron ne porte loiauté
Et li homs à se feme ne amor ne bonté.
Certes c’est grans doleurs que je ne puis trover

  1. Les Frères de la Pie étaient un ordre de chanoines réguliers établi par saint Louis en 1268. On trouve vers la fin de la pièce intitulée Les Moustiers de Paris :
    La novele ordre de la pie
    Qui sont en la Bretonnerie.
    (Voyez Méon, Fabliaux et Contes, tome II, page 292.) — Le dernier vers de cette strophe est une allusion à leur coutume de mendier en disant : « Du pain aux pauvres Frères-Sachets ! du pain aux frères de la Pie ! » (Voyez page 219, note 2.)
  2. Ms. 7633. Var. Bien les tient en prison.
  3. Ms. 7633. Var. Prevoz. — Ms. 274 bis Var. Pronons.
  4. Ms. 7633. Var. Laiz decors.
  5. Ms. 7633. Var. Car il traient à causes. — Ms. 198 N.-D. Var. Car ils traient ensamble.
  6. Ms. 7633. Var. Se droiz fust soutenuz et li torz estoit torz.
  7. Toute cette strophe manque au Ms. 198 N.-D. et au Ms. 274 bis N.-D.