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Li Diz des Cordeliers[1].


Ms. 7615.
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Seigneur, or escoutez ; que Diex vos soit amis !
S’orroiz des Cordeliers commant chascuns a mis
Son cors à grant martire contre les anemis,
Qui sont plus de .c. foiz le jor à nos tramis.

Or escotez avant dont ces gens sont venu :
Fil à roi et à conte sont menor devenu[2],
C’au siègle estoient gros, or sont isi venu
Qu’il sont saint de la corde et sont tuit lor pié nu.

Il pert bien que leur ordre nostre Sires ama,
Quant saint François[3] transsi Jéshu-Crist réclama,
En .v. leuz, ce m’est vis, le sien cors entama :
A ce doit-on savoir que Jhésu-Criz s’âme a.

  1. Voyez pour le même sujet la note Y, à la fin du volume.
  2. L’obscurité générale et le désordre qui régnent dans cette pièce ne me permettent pas de décider si Rutebeuf parle ici sérieusement : cependant je serais assez porté à croire qu’il fait allusion à quelques grands personnages devenus Frères-Mineurs, c’est-à-dire Cordeliers.
  3. Saint François d’Assise, né en Ombrie vers l’an 1182, est le fondateur de l’ordre des Frères-Mineurs ou Cordeliers. On sait que ce dernier nom leur vint de ce que pendant la guerre sainte Louis IX après un combat où ils avaient repoussé les infidèles, ayant demandé à qui la victoire était due, on lui répondit que c’était à des gens de cordes liés.