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LA DESCORDE DE L’UNIVERSITÉ, etc.

Se par l’abit sont net et monde,
Vous savez bien, ce est la voire ;
S’uns leus avoit chape roonde
Si resambleroit-il provoire[1].

Se lor oevre ne se concorde
A l’abit qu’amer Dieu devise,
Au recorder aura descorde
Devant Dieu au jor du juise ;
Quar se Renart çaint une corde
Et vest une cotele grise,
N’en est pas sa vie mains orde :
Rose est bien sor espine assise[2]

Il puéent bien estre preudomme :
Ce vueil-je bien que chascuns croie ;
Mès ce qu’il pledoient à Romme
L’Université m’en desvoie[3].
Des Jacobins vous di la somme :
Por riens que Jacobins acroie,
La peléure d’une pomme
De lor dete ne paieroie.


Explicit la Descorde de l’Université et des Jacobins.

  1. Provoire, prêtre ; provisor.
  2. Ce dernier trait tombe sur les Cordeliers, qui étaient vêtus de drap gris et ceints d’une corde, ce qui leur avait fait donner leur nom.
  3. On voit par ce vers, et par celui de la 3e strophe où Rutebeuf dit que les Jacobins ont renversé l’Université, que cette pièce n’a dû être composée que sur la fin de leurs dissensions, lorsqu’on commença à voir clairement que l’Université était vaincue.