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ci encoumence


La Nouvele Complainte d’Outre-Mer[1].


Ms. 7633.
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Pour l’anui et por le damage
Que je voi en l’umain linage,
M’estuet mon pencei descovrir :
En sospirant m’estuet ovrir
La bouche por mon voloir dire
Com homs corrouciez et plains d’ire.
Quant je pens à la sainte terre
Que péchéour doient requerre
Ainz qu’il aient pascei jonesce,
Et je’s voi entreir en viellesce,
Et puis aleir de vie à mort,
Et pou en voi qui s’en amort

  1. Cette pièce n’a pu être composée qu’après l’année 1273, d’abord parce que Guillaume de Beaujeu y est désigné sous le titre de grand-maître du Temple, qu’il n’obtint qu’à cette époque ; ensuite parce que Rutebeuf s’appuie sur la jeunesse du roi de France et du roi d’Angleterre pour engager ces princes à se croiser. Or, avant 1273 les paroles du poëte peuvent bien, il est vrai, s’appliquer à Philippe-le-Hardy, qui était monté sur le trône en 1270 à l’âge de 25 ans, mais non à Henri III, roi d’Angleterre, né en 1207 et qui avait alors 66 ans. Après l’époque que nous fixons, au contraire, ce que dit Rutebeuf s’applique à la fois au roi de France et au roi d’Angleterre : car Henri III étant mort en 1273, son fils Édouard lui avait succédé à l’âge d’environ trente ans. C’est de ce prince et de son père qu’il est question dans la mordante et curieuse satire intitulée La pais aux Englois, que j’ai publiée dans mon recueil intitulé Jongleurs et Trouvères, p. 170 et suivantes.