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seront vêtus de couleurs simples, mais belles et claires. Les gens qui se dévouent aux malades et qui font vivre les pauvres seront vêtus de pourpre et d’or et les soldats, au contraire, de noir, — comme le bourreau. De cette sorte, les enfants, qui aiment les beaux uniformes, au lieu de jouer au soldat, joueront au philanthrope. Les nobles auront les insignes de leur caste et des joyaux, toujours non taillés, car la taille n’ajoute pas à la beauté ; elle gêne les pauvres minéralogistes dans leurs recherches, et elle coûte très cher. On aurait transformé en abris sûrs tous les ports de l’Angleterre si l’on y avait employé tout l’argent gaspillé à la taille des diamants !

Ces nobles personnages, possesseurs des domaines de leurs ancêtres, n’en seront pas dépouillés, mais ils s’appliqueront à se dépouiller eux-mêmes. Ils habiteront constamment sur leurs terres ; apprenant aux paysans des danses nouvelles, de la musique, et l’histoire de leur vieille terre natale et de leur vieux clocher. On ne verra plus de châtelain vivant à Hyde-Park et jetant sur le champ de courses l’or que ses paysans ont fait produire au sol natal. On le verra vivre dans son propre parc et jeter son or sur ses champs de blé et de fleurs. Cet or même, il n’en retiendra pour lui que le juste salaire dû à la direction qu’il donne