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pour sauver son époux, traversa sereinement l’amertume de la mort.

62. Maintenant je pourrais accumuler devant vous témoignages sur témoignages, si j’en avais le temps. Je prendrais Chaucer et je vous montrerais pourquoi il écrivit une légende des Bonnes Femmes[1] ; mais non une légende de Bons Hommes. Je prendrais Spencer et vous montrerais comment ses féeriques[2] chevaliers sont quelquefois trompés, et quelquefois vaincus ; mais l’âme d’Una n’est jamais obscurcie et l’épée de Brintomart n’est jamais brisée. Bien plus, je pourrais remonter en arrière jusqu’à l’enseignement mythique des plus anciens âges et Vous montrer comment le grand peuple — dont il avait été écrit que c’est par une de ses Princesses que serait élevé le Législateur de toute la terre[3], et non par une Femme de sa race, — comment ce grand peuple Égyptien, le plus sage de tous les peuples[4], donna à l’Esprit de la Sagesse la forme d’une Femme ; et dans sa main, comme symbole, la navette de la fileuse ; et comment le nom et la forme de cet esprit, adopté, adoré et obéi par les Grecs, devint cette Athèna

  1. Ouvrage de Chancer imite des Héroïdes d’Ovide et des hagiographies chrétiennes. Dix-neuf héroïnes devaient prendre place dans cet ouvrage qui, resté incomplet, n’en comprend que neuf. (Note du traducteur.)
  2. Allusions à la « Fairy queen » de Spencer (1589-1596). Le chevalier de la Croix-Rouge notamment est d’abord par les enchantements d’Archimagus séparé d’Una. (Note du traducteur.)
  3. Moïse, Cf. Exode, ii. (Note du traducteur.)
  4. Cf. Bible d’Amiens : « L’Égypte fut pour tous les peuples la mère de la géométrie, de l’astronomie, de l’architecture et de la chevalerie… Elle fut l’éducatrice de Moïse et l’hôtesse du Christ » (III, 27) et le beau morceau sur l’Égypte artistique et guerrière dans la Couronne d’Olivier sauvage, II, la Guerre. (Note du traducteur.)