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Je me contenterai de signaler ici les traits généraux de cette architecture sépulcrale qui se rattachent à notre étude actuelle et d’indiquer au voyageur dans quel ordre — si la chose lui est possible — il devra visiter les tombes de Venise afin d’en bien dégager le sens.


Je ne connaispas suffisamment les modes d’inhumation et de monuments commémoratifs dans les premiers temps du christianisme pour les résumer ici, mais il me semble que le type parfait du tombeau chrétien ne se développa guère avant le XIIIe siècle, un peu plus tôt ou un peu plus tard, suivant la civilisation de chaque pays. Ce type parfait consiste en un sarcophage de pierre portant une figure couchée et surmontée d’un dais. Avant que ce type fût complètement formé et dans les tombes d’une moindre importance, on élevait un simple sarcophage recouvert d’une pierre grossière, ayant parfois un toit à bas pignon dérivé des formes égyptiennes et portant, sur le côté ou sur son couvercle, une croix sculptée ; quelquefois le nom du défunt et la date de l’érection du tombeau. De riches figures sculptées s’introduisirent peu à peu et, dans la période parfaite, le sarcophage, s’il ne porte pas de figure couchée a généralement, sur ses côtés, de belles sculptures représentant un ange amenant le mort (vêtu comme de son vivant) au Christ ou à la Vierge, avec des figures latérales, quelquefois de saints, quelquefois — comme dans les tombeaux des ducs de Bourgogne, à Dijon — de pleureurs. À Venise, c’était presque toujours l’Annonciation : l’ange était placé à un angle du sarcophage et la Vierge à un autre angle. Le dais, dans sa simple forme carrée ou semblable à un arceau placé au-dessus d’une retraite, fut ajouté au sarcophage longtemps avant que la figure couchée y fût placée. Lorsque le sculpteur eut acquis assez