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la bible d’amiens.

loppement juste au moment où le xve siècle vient de finir. Cela a quelque chose de la lourdeur flamande mêlée à la plaisante flamme française ; mais sculpter le

    Antoine Avernier, découpeur d’images, résidant à Amiens, au taux de trente-deux sous (seize pences) le morceau. La plus grande partie des bois venait de Clermont-en-Beauvoisis près d’Amiens ; les plus beaux, pour les bas-reliefs, de Hollande, par Saint-Valery et Abbeville.

    Le chapitre désigna quatre de ses membres pour surveiller le travail : Jean Dumas, Jean Fabres, Pierre Vuaille, et Jean Lenglaché auxquels mes auteurs (tous deux chanoines) attribuent le choix des sujets, de la place à leur donner et l’initiation des ouvriers « au sens véritable et le plus élevé de la Bible ou des légendes et portant quelquefois le simple savoir-faire de l’ouvrier jusqu’à la hauteur du génie du théologien ».

    Sans prétendre fixer la part de ce qui revient au savoir-faire et à la théologie dans la chose, nous avons seulement à remarquer que la troupe entière, maîtres, apprentis, découpeurs d’images, et quatre chanoines, emboîtèrent le pas et se mirent à l’ouvrage le 3 juillet 1508, dans la grande salle de l’évêché, qui devait servir à la fois de cabinet de travail pour les artistes et d’atelier pour les ouvriers pendant tout le temps de l’affaire. L’année suivante, un autre menuisier, Alexandre Huet, fut associé à la corporation pour s’occuper des stalles à la droite du chœur pendant qu’Arnold Boulin continuait celles de gauche. Arnold laissant son nouvel associé commander pour quelque temps, alla à Beauvais et à Saint-Riquier pour y voir les boiseries ; et en juillet 1511 les deux maîtres allaient ensemble à Rouen « pour étudier les chaires de la cathédrale ».

    L’année précédente, en outre, deux Franciscains, moines d’Abbeville, « experts et renommés dans le travail du bois », avaient été appelés par le chapitre d’Amiens pour donner leur avis sur les œuvres en cours, et avaient eu chacun vingt sous pour cet avis, et leurs frais de voyages ».

    En 1516, un autre nom et un nom important apparaît dans les comptes rendus, celui de Jean Trupin, « un simple ouvrier aux gages de trois sous par jour », mais certainement un bon sculpteur et plein de feu dont c’est, sans aucun doute, le portrait fidèle et de sa propre main, qui fait le bras de la 85e stalle (à droite, le plus près de l’abside) au-dessous duquel est gravé son nom Jhan Trupin, et de nouveau sous la 92e stalle avec, en plus, le vœu : « Jan Trupin, Dieu pourvoie ».

    L’œuvre entière fut terminée le jour de la Saint-Jean, 1522,