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près ce que le changement des signes sur notre carte peut signifier : cinq fleurs de lis au lieu des barres horizontales.

Ils ne signifient certainement pas que tous les Goths sont partis, et qu’il n’y a plus personne en France que les Francs ? Les Francs n’ont pas massacré les hommes, femmes et enfants Wisigoths, de la Loire à la Garonne. Bien plus, là où leur propre trône est encore assis près de la Somme, le peuple né sur la tourbe qu’ils ont trouvé là y vit encore, quoique assujetti. Francs, Goths, ou Romains peuvent flotter çà et là par troupes, envahisseurs ou fuyards ; mais immuable à travers toutes les tourmentes de la guerre, le peuple rural dont ils pillent les cabanes, dont ils ravagent les fermes, et sur les arts duquel ils règnent, doit encore diligemment et silencieusement, et sans avoir le temps de se plaindre, labourer, semer, nourrir les troupeaux.

Sinon, comment Francs ou Huns, Wisigoths ou Romains pourraient-ils vivre là un mois, ou combattre un jour ?

15. Quels que soient le nom ou les mœurs des maîtres, au fond, la population laborieuse reste forcément la même ; et le chevrier des Pyrénées, le vigneron de la Garonne, la laitière de Picardie, quelques maîtres que vous leur donniez, demeureront toujours sur leur sol, fleurissants comme les arbres du champ, endurants comme les rochers du désert. Et ceux-ci, la trame et la substance première de la nation, sont divisés non par dynasties, mais par climats, et sont forts ici et impuissants là, de par des privilèges que la tyrannie d’aucun envahisseur ne peut abolir et des défauts que la prédication d’aucun ermite ne peut corriger. Aussi