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rieur des forêts primitives, se déchirèrent entre eux pour le partage d’une dépouille si abondante.

Sebastiao Tourinho fut le premier Portugais qui de ce côté pénétra dans l’intérieur du pays : parti en 1573 de Porto Seguro, il remonta en bateau le Rio doce, jusqu’aux environs de Villa Rica ; de là il arriva par terre au Rio Jiquitinonha, sur lequel il redescendit vers la côte en bateau, sans avoir fondé d’établissement. Ses récits sur l’or et les pierreries de cette contrée engagèrent bientôt de nouveaux aventuriers à de nouvelles tentatives : néanmoins les entreprises d’Antonio Diaz et de Marcos de Azevedo, qui lui succédèrent, demeurèrent aussi sans résultat permanent. Les Paulistes furent à la fois plus constans et plus heureux dans leurs essais ; vers le milieu et vers la fin du dix-septième siècle ils partirent de San Paulo et pénétrèrent par terre dans l’intérieur de Minas Geraes, et plus loin encore jusqu’à Goyaz, pour y chercher de l’or et des pierres précieuses. Parmi les chefs des différentes bandes (bandeiras) qui se réunirent pour ces entreprises, l’histoire distingue Antonio Rodriguez, Miguel de Almeida, Manoel Garcia et beaucoup d’autres. Cependant ces aventuriers étaient loin de songer à fonder dans le nouvel Eldorado des établissemens stables. Ils se hâtèrent d’enlever des trésors encore intacts de la nature autant d’or qu’ils en pouvaient ramasser, et de s’en retourner à San Paulo. Bientôt, dans la vue de prendre part à une proie si facile, des bandes nombreuses accoururent d’autres régions, et surtout de Rio Janeiro, et il devint nécessaire de créer des établissemens pour prendre possession des mines d’or les plus riches. C’est ce qui donna naissance, à la fin du dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième, à Villa Rica, à San Joao d’El Rey, à San Joze et à Villa do Principe. Les sanglantes querelles des Paulistes entre eux, et avec les bandes nouvellement venues de Rio Janeiro et d’autres lieux, amenèrent enfin l’intervention du gouvernement. Antonio de Albuquerque fut envoyé à Villa Rica ; il rétablit l’ordre, organisa une administration et un gouvernement, et créa, non sans éprouver de la résistance, le droit du cinquième royal. Ce ne fut néanmoins qu’en 1720 que Minas Geraes fut séparé de San Paulo et constitué en province particulière sous l’autorité du gouverneur Lorenzo de Almeida.


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