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Les diurétiques peuvent aussi être administrés en bols, en lavemens : cette dernière méthode est toujours la première à tenter sur les animaux dans la suppression d’urine, dans la difficulté d’uriner. On fomente, on détend par ce moyen les parties ; on les dispose à céder à l’impression des diurétiques actifs, & souvent les injections des décoctions émollientes seules, ou aidées par la térébenthine, le nitre, &c. produisent, sans aucun autre secours, les effets que l’on a à solliciter. (Voyez Lavement) M. T.


SUPPURATION. Médecine rurale. C’est le changement ou la conversion de l’humeur qui forme une tumeur, en une autre appelée pus. La suppuration peut être encore regardée comme la seconde terminaison de l’inflammation.

En effet, elle a bientôt lieu, si l’inflammation est violente & le mouvement de la circulation très-fort & accéléré, le sang n’étant point d’ailleurs trop âcre, mais assez tempéré, quoique un peu plus épais qu’il ne doit l’être dans l’état naturel. Si les parties de ce même sang arrêtées dans les plus petits vaisseaux, ne peuvent s’y atténuer suffisamment pour en franchir les dernières ramifications, l’effort de celui qui presse avec force par derrière, oblige les vaisseaux déjà distendus, à se rompre. Alors les particules les plus fines se putréfient par l’action de la chaleur qui est excessive, deviennent âcres & fétides, rongent & corrompent les parties immédiatement exposées à leur action. Cette matière ainsi corrompue & incapable de reprendre sa première nature, est appelée pus ou suppuration.

On distingue ordinairement la suppuration interne de l’externe : on compte quatre espèces de suppuration interne, savoir ; celle qui forme un apostème, celle qui vient d’un ulcère, celle qui couvre un viscère qui paroit d’ailleurs sain, & l’enveloppe comme un espèce de gelée blanche ; enfin, celle qui produit l’engorgement purulent des viscères.

La suppuration succède pour l’ordinaire à l’inflammation vers le septième jour. Ce n’est pas qu’on ne l’ait souvent observée vers le troisième on le second jour d’une inflammation considérable. C’est à quoi il faut porter la plus grande attention, de peur de ne pas troubler le travail de la nature. Il arrive souvent que pendant des fièvres malignes, ou des petites véroles de mauvais caractère, on trouve des foyers de suppuration dans les différens organes intérieurs, tels que le poumon & le foie, sans qu’il y ait eu aucun signe d’inflammation ; c’est ce qui arrive très-souvent par métastase. Nous n’entrerons point dans le détail des trois autres espèces de suppuration interne, nous nous contenterons, avant d’indiquer les différens moyens propres à la faciliter, ou à la provenir & à la détourner, de faire observer que la suppuration interne en général se connoît à la cessation de la douleur punitive, & de l’ardeur de la partie. On y ressent une douleur lancinante &c gravative. On éprouve des frissons irréguliers. ; le pouls devient dur & intermittent, les défaillances & le froid des extrémités l’annoncent aussi.

On peut prévenir la congestion. & l’abord des humeurs sur la partie affectée de suppuration, en saignant ; cette saignée fait un vuide dans les