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corps, en passant à poil & à contre-poil. Toutes les parties du corps soigneusement brossées, & la brosse ne se chargeant plus de poussière, il faut passer & repasser sur tout le corps, entre les ars & dans toutes les articulations, un bouchon de paille ou de foin légèrement humecté, à l’effet d’unir exactement le poil. Il s’agit ensuite de laver les jambes, en se munissant de la brosse longue & de l’éponge. Les jambes étant lavées, on peigne & lave les crins, & on les démêle ; l’huile d’olive est excellente pour aider à les débrouiller ; le savon, pour les décrasser. Le pansement sera terminé en lavant les fesses & le fondement, & en étuvant les testicules & le fourreau.

Toutes les fois que le cheval vient de l’eau, il convient de la lui avaler des quatre jambes, & de les nettoyer de la boue dont elles sont chargées, avec l’éponge & la brosse. Cette pratique ne sauroit être trop recommandée, surtout dans les villes, dont la boue est toujours épaisse, noire & caustique.

Quant à l’habitude où sont certains valets d’écurie, de faire passer les chevaux à l’eau, après les avoir courus, elle est très-préjudiciable, si on ne prévient les suites funestes de cette habitude, d’une part en exigeant des chevaux une allure très-prompte & très-pressée dans leur retour à l’écurie, & de l’autre, en leur abattant l’eau avec le couteau de chaleur, dont on racle avec force toutes les parties du corps, & en les bouchonnant ensuite. (Voyez Bouchonner)


CHAPITRE IX.

De l’exercice, du repos, du sommeil du Cheval. De la durée de sa vie.


Section première.

De l’Exercice.


L’exercice borné à un mouvement modéré, aide à l’insensible transpiration ; il subtilise les liqueurs, en entretient la fluidité, augmente la vélocité de la circulation, fortifie les parties solides, tient les cavités des petits vaisseaux ouvertes, éloigne une foule de maladies qui dépendent de l’abondance des humeurs, de leur impureté, de l’engorgement & des obstructions des viscères, rappelle l’appétit qui languit, & remédie aux vices de l’estomac ; & ses effets influent sur toute l’économie des mouvemens vitaux. Mais autant il importe au laboureur d’habituer le cheval, & de le soumettre à un travail proportionné à son tempérament, autant il est à craindre de le livrer à des exercices violens & supérieurs à ses forces ; ce qui n’arrive que trop souvent à la campagne. On voit des laboureurs & des charretiers user de la plus grande violence envers leurs chevaux : non-seulement ils les accablent de fatigue & de coups, mais souvent ils leur refusent la nourriture & le repos nécessaires pour maintenir leur vigueur naturelle. Qu’arrive-t-il de là ? Que les forces motrices se consument, que les organes s’usent & se débilitent, & que l’animal devient incapable de service ; ce qui s’annonce par la maigreur, le retroussement, & souvent l’altération