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en former comme des espèces de fours. (Voyez le mot Écobuer) Ces petits fours exigent les mêmes attentions que l’opération dont on vient de parler, c’est-à-dire qu’on doit empêcher la flamme de passer par les crevasses.

L’argile ainsi cuite fait effervescence avec les acides ; le feu a changé sa manière d’être ; & même imbibées d’eau, ses parties ne contractent plus la même adhérence entr’elles : le feu a exalté les parties calcaires qu’elle contenoit, augmenté leur alcalicité ; dès-lors leur lien d’adhésion a été détruit. C’est par cette raison que la chaux, que le plâtre, que la marne sont de très-bons engrais pour les terres argileuses, à cause du principe alcalin qu’ils contiennent. C’est encore par la même raison, que les fumiers bien fermentés ont une action directe sur elles, & ajoutent à cet avantage celui de tenir ces terres soulevées, & de donner passage à l’eau. M. Eller, dans ses Recherches sur la fertilité des Terres, a observé qu’au moyen d’une lessive d’alcali fixe, il détruisoit la ténuité de l’argile en la dépouillant de son gluten, & qu’alors elle devenoit friable, aride, & tomboit en poussière.

Il est inutile de discuter ici si l’argile contient des parties grasses & huileuses qui forment son gluten, ou si ces parties sont en assez grande quantité pour le former. C’est aux chimistes & non aux agriculteurs à résoudre ce problême. Il en est de même de celui-ci : quelle est la nature du sel contenu dans l’argile pure ? La couche superficielle en contient, il est vrai ; mais quel est celui des couches intérieures & profondes ? Le cultivateur demande des résultats, des faits, & non pas des problêmes. Ce qui lui importe de savoir, c’est que le feu, la chaux, la marne, le plâtre, les fumiers, les sables, &c. rendent l’argile propre à la végétation des plantes ; & que cette aptitude à devenir terre végétale est l’effet du tems & du travail, ou d’une dépense considérable, s’il est pressé de jouir.

Après avoir considéré les terres argileuses en masse, & par conséquent comme nuisibles à la végétation, il est tems de changer le tableau, & de le présenter sous un autre point de vue.

L’argile en proportions convenables, mélangée avec des terres d’une qualité différente, forme le sol le plus parfait. La perfection d’une terre dépend uniquement du juste mélange des parties qui retiennent l’eau dans le point nécessaire à la végétation de la plante qu’on lui confie, & qui ne laissent évaporer cette eau que lentement. Le sable est donc précisément l’opposé de l’argile. L’eau se précipite à travers ses grains désunis, & leur désunion facilite son évaporation lorsque le soleil les pénètre. Ainsi un mélange proportionné de sable & d’argile, forme un bon sol auquel il ne manque plus que l’humus, ou terre végétale, ou terre soluble dont nous avons si souvent parlé. (Voyez les mots Amendement, Alterner, &c.) Ce terreau précieux est formé par la décomposition des substances animales & végétales, & c’est la seule terre végétative. Les autres terres servent seulement de matrice aux plantes,