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ou disposées le long des tiges ; les feuilles sont d’un verd gai, & alternativement placées.

Lieu naturel dans la Mauritanie ; de là, transporté dans nos provinces méridionales, où il réussit assez bien. On dit de lui qu’il est le plus fou de tous les arbres, parce qu’il fleurit aussitôt que les gelées ne le retiennent plus ; c’est pourquoi les gelées tardives rendent la récolte de son fruit très-casuelle. J’ai vu des amandiers en plein champ complétement fleurir dans les premiers jours de Janvier, en 1756. Cet arbre est très-commun en Provence, en Languedoc, dans le territoire d’Avignon, dans la Touraine, & s’accommode peu du climat de Paris. Pourquoi la fleur de cet arbre épanouit-elle dès que le froid cesse, ainsi que celle du pêcher & de l’abricotier ? Ces arbres ont été naturalisés en Europe ; mais n’y conservent-ils pas encore leur manière d’être de leur pays natal ? En Mauritanie, en Perse, en Arménie, l’époque de leur fleuraison n’est-elle pas en Décembre ou Janvier ? Et ne conservent-ils pas dans nos climats la même activité pour fleurir, lorsqu’aucune cause ne s’y oppose ? Les voyageurs devroient examiner ce fait ; & comme beaucoup de négocians ont des correspondances dans ces pays, je prie ceux entre les mains de qui cet Ouvrage tombera, d’avoir la complaisance de me donner la solution de ce problême. Il me semble que les arbres & les plantes, transportés de loin & cultivés, par exemple, en France, y fleurissent à la même époque à laquelle ils fleuriroient dans le pays d’où on les a transportés, si toutes les circonstances sont d’ailleurs égales. Je les prie encore de faire remettre à l’académie de Marseille ou de Bordeaux, des amandes avec leur brou, de toutes les espèces qu’ils trouveront dans les pays étrangers, afin que, les plantant en France, je puisse voir & constater si les espèces que nous cultivons aujourd’hui ont été perfectionnées, ou si elles ont dégénéré ; enfin, si, par le moyen des amandes qu’ils auront la bonté de me procurer, il sera possible d’acquérir de nouvelles espèces avantageuses & utiles pour notre climat.


CHAPITRE II.

Description des espèces.


On le répète pour la dernière fois, en se servant du mot espèce, c’est parler le langage du cultivateur, & non du botaniste : il est bon d’emprunter de celui-ci certains mots techniques, & sur-tout pour les descriptions ; mais quant à tout le reste, c’est pour l’agriculteur que l’on écrit.


I. Amandier commun, ou à petit fruit. Amygdalus sativa fructu minori, Bauhin. Amygdalus foliis serratis, petalis florum emarginatis, Miller. Les pétales sont plus grands que le calice, & très-larges en proportion de leur grandeur ; leur extrémité supérieure est figurée en cœur, fendue peu profondément. M. Duhamel va nous servir de guide dans le reste de sa description.

La fleur est presque toute blanche ; souvent elle a six pétales, & le calice six échancrures.

Les feuilles des bourgeons sont