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monte au nord par Bouchain, Mons, Maëstricht, & se termine à Berg-Op-Zoom. Les principales rivières de ce bassin sont, la Lys, la Scarpe, le Senset, la Senne, la Grette, enfin l’Escaut qui les reçoit toutes, & va se perdre dans la mer au dessous d’Anvers, près de Berg-Op-Zoom. On peut regarder tout ce pays comme de nouvelle formation, & créé par les dépôts des rivières, retenus par les eaux de la mer : en effet, tout le terrain y est bas, gras, & de couleur brune ; on le voit presque partout composé de débris de végétaux, & entremêlé de coquillages maritimes. Un sol aussi excellent donne les plus brillantes récoltes, soit en grains, soit en tabac, soit en lin : on est étonné de la quantité d’huile que l’on y retire des graines de colsat, de navette, & du produit du houblon pour ces pays. L’on doit dire, à la louange des flamands & des artésiens, que leur industrie & leur application pour la culture des terres, surpasse encore leur excellence & leur fertilité.

9o. Du Bassin de la Meuse. Il est inutile de s’arrêter à sa description, puisque la seule partie droite de ce fleuve appartient à la France, & renferme peu de terrain. Sedan, Landrecy, Maubeuge, peuvent être comparés pour leurs productions à celles du bassin de l’Artois.

10o. Du Bassin de la Moselle. Celui-ci est dans le cas du précédent, & si on suivoit ses contours, ce seroit, sans contredit, le plus grand de tous les bassins dont on auroit encore parlé, puisque d’un côté il renfermeroit tout le cours de la Moselle jusqu’à Coblentz, & de l’autre, tout celui du Rhin, depuis la source, près le Mont Saint-Gothard, jusqu’à son embouchure près de Roterdam. La Lorraine mérite cependant quelques remarques particulières : on sait que ses productions en bled, orge, avoine, &c. sont très-considérables ; que ses montagnes sont chargées de superbes forêts, & dans quelques endroits de pins & de sapins de la plus belle venue : les Hollandois vont les y acheter, leur font descendre la Moselle, & nous les revendent ensuite à Marseille, à Cette, à Bordeaux, à la Rochelle, &c. pour des bois du nord. Cette province récolte beaucoup de vin, quoi qu’elle soit dans le même parallèle que Rouen, Saint-Malo, &c. : c’est donc aux grands abris formés par les montagnes des Vosges, qu’elle doit cet avantage.


CHAPITRE III.

Observations sur les Abris ou sur les Climats.

On ne fait point assez attention à cette grande vérité, & plus on réfléchit, & plus on trouve que les abris ont décidé les genres de culture dans le royaume & ailleurs. Le territoire d’Aigle, dans le canton de Berne, en fournit un exemple bien sensible. La température de l’air est si douce dans les trois villages d’Yvorne, qu’on y cultive des vignes dont le vin est très-bon ; les grenadiers, les amandiers, y végètent en pleine terre, & les rochers sont, comme dans nos provinces les plus méridionales, couverts de thym & de romarin ; tandis que dans le baillage de Gessenay, qui est limitrophe, la température