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sur les gencives. Le fromage de Gruyere, l’oseille ou le pourpier mâchés, dissipent cette incommodité.


AGARIC BLANC. Agaricus sive fungus Larici. C. B. P. Boletus abies Laricis dictœ. Lin. M. Tournefort classe cette plante dans la dix-septième classe qui comprend les herbes nommées apetales, sans fleurs ni fruit ; & M. Linné la classe dans la Cryptogamie, parmi les fungus. Toute la plante consiste dans une excroissance fongueuse, blanche, molle, friable, d’une saveur douce, ensuite amère & âcre, d’une odeur forte & pénétrante. Cet agaric croît sur le tronc du mélese, (voyez ce mot) ou pinus larix, foliis fascicularis obtusis. Lin. Cet arbre croît en Suisse, au Tirol, en Dauphiné.

L’agaric qu’on vend dans les boutiques doit être blanc, léger, friable, tendre, ordinairement arrondi, & assez fréquemment anguleux. Il est revêtu d’une écorce calleuse qu’il faut enlever. On doit rejeter celui qui est pesant, noirâtre & peu friable.

Propriétés. C’est un purgatif assez doux : cependant il produit quelquefois des coliques légères, & un ténesme passager pendant son action. Il entraîne par les selles une petite quantité de sérosité & les vers lombricaux. On lui a attribué assez légérement les propriétés d’adoucir les douleurs de la goutte, & de résoudre les tumeurs dures & peu douloureuses du bas-ventre. Les anciens regardoient l’agaric comme un purgatif universel ; & plusieurs médecins modernes voudroient l’expulser complettement de la pharmacie. Ce ne seroit pas une grande perte.

Usages. Pulvérisé, on le donne depuis vingt-cinq grains jusqu’à deux drachmes, délayé dans cinq onces d’eau, ou incorporé avec un sirop ; concassé, depuis une drachme jusqu’à demi-once, infusé dans six onces d’eau ou de vin. La canelle passe pour le correctif de l’agaric. Pour pulvériser l’agaric, on doit d’abord le raper, & ensuite le piler dans un mortier.

Pour les animaux, on l’emploie comme un purgatif désobstruant, & comme substance diurétique. La dose est depuis demi-once jusqu’à deux onces en infusion ; en substance, depuis une drachme jusqu’à deux, mêlé avec d’autres purgatifs convenables.


Agaric du chêne. Agaricus pedis equini. Tournefort. Agaricus quercinus. Lin. Cette excroissance est molle lorsqu’on lui a enlevé son écorce & sa partie ligneuse ; elle est douce au toucher, d’une couleur jaune tirant sur le brun, insipide, inodore. Il croît sur le tronc des vieux chênes. Après lui avoir enlevé son écorce, on le coupe par tranches de trois à quatre lignes d’épaisseur, que l’on bat fortement, afin de réduire peu à peu en poussière ses fibres ligneuses, & en procurer la séparation. C’est ainsi qu’on fait l’amadou. Il faut cueillir cet agaric au mois d’Août ou de Septembre.

On doit à M. Brossard, chirurgien de la Châtre en Berri, de lui avoir reconnu en 1751 un usage bien plus précieux pour la médecine. Il fit voir que la simple application de l’amadou sur une artère piquée ou coupée, arrêtoit le sang,