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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE 41


» La troisième fois, enfin, c’était non loin de Lima, dans la montagne des Amancaës, où croissent les Amaryllis de ce nom, et où, parmi la plus pauvre végétation, croît la Pomme de terre en abondance. Elle n’est pas moins répandue dans l’île de San Lorenzo, près du Gallao, port de Lima. Dans ces deux localités, elle aurait pu être apportée par la main des hommes, mais ceux-ci l’eussent-ils implantée sur des rochers inaccessibles et dénudés où ils ne mettent jamais le pied, n’ayant rien à y faire ? D’ailleurs, les semences de la Pomme de terre ne sont pas de celles que le vent emporte et dissémine facilement. Sur les échantillons que j’ai rapportés du Pérou, les fleurs sont toutes lilas pâle, les tubercules petits, oblongs, peu savoureux. Je crois encore que la plante est là dans sa patrie naturelle, mais je ne l’affirme pas absolument.

» Je pense donc que l’opinion de Humboldt ne suffit point pour déclarer que la Pomme de terre ne se trouve pas au Pérou, dans l’Équateur et la Nouvelle-Grenade, et je crois fermement que de nouvelles investigations la feront rencontrer sur d’autres points de ces contrées. »

L’habile explorateur a-t-il eu raison de croire qu’il avait enfin mis la main sur d’authentiques spécimens de la Pomme de terre sauvage ? Son récit, qu’anime l’enthousiasme de cette découverte, le ferait supposer. Cependant, nous allons voir ce qu’en ont pensé les phytographes, plus froids dans leur jugement. Le très intéressant ouvrage d’A. de Candolle, déjà cité, L’Origine des plantes cultivées (1883), nous procure à la fois un résumé de tout ce que nous avons fait ci-dessus connaître et une première opinion sur les résultats de l’exploration de M. Édouard André. Nous en extrayons ce qui suit :

» Il est bien prouvé qu’à l’époque de la découverte de l’Amérique la culture de la Pomme de terre était pratiquée, avec toutes les apparences d’un ancien usage, dans les régions tempérées qui s’étendent du Chili à la Nouvelle-Grenade, à des hauteurs différentes selon les degrés de latitude. Cela résulte du témoignage de tous les premiers voyageurs.

» Dans les parties tempérées orientales de l’Amérique méridionale, par exemple sur les hauteurs de la Guyane et du Brésil, la Pomme de terre n’était pas connue des indigènes, ou, s’ils connaissaient une plante analogue, c’était le Solanum Commersonii