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des chèvres. La plupart des paysans vendent leur vendange aux cabaretiers qui sont mieux outillés qu’eux pour la fabrication et la conservation du vin ; les noix assez abondantes sont achetées par des courtiers ; il en est de même de l’huile.

La propriété est extrêmement morcelée surtout aux abords du village. Les oliviers sont entre les mains des principaux propriétaires qui les exploitent directement, car ces arbres représentent un capital important dont il faut prendre soin, mais qui rapporte beaucoup tout en exigeant peu de travail. Le sol arable est souvent donné à moitié à un colon qui y cultive des céréales. Quant aux terrains en culture mixte avec la vigne, ils sont presque toujours possédés par les paysans en emphytéose avec redevance égale au quart ou au cinquième du produit et paiement proportionnel des impôts. Faute d’argent, les paysans n’affranchissent pas ces emphytéoses ; ils n’ont d’ailleurs aucun intérêt à le faire puisqu’ils jouissent pratiquement de tous les avantages de la propriété.

La communauté familiale se maintient pendant toute la vie des parents : les filles reçoivent une dot en terre ; les garçons restent dans la famille et travaillent pour elle ; s’il survient quelque désaccord, ils s’établissent à part, cultivent la dot de leur femme et cherchent du travail au dehors. À la mort des parents il y a partage égal et en nature : les maisons elles-mêmes sont partagées et il arrive que certaines chambres sont grevées d’un droit de passage au profit d’un voisin. Nous sommes loin du home anglo-saxon ; cet état de