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la masseria, lequel habite Rome, et qui est responsable du troupeau. En ce moment, il est malade et est allé se soigner dans son village, à Gappadocia dans les Abruzzes ; il est suppléé par son neveu, jeune homme alerte et intelligent, qui nous fait les honneurs du campement. La masseria, de 3 700 têtes, est divisée en plusieurs branchi de 250 brebis chacun qui vont séparément au pâturage, sous la conduite d’un berger ; le soir, tout le troupeau est réuni dans un parc en filets de cordage où il passe la nuit sous la garde des chiens et d’un berger qui couche dans une petite roulotte. Outre les bergers et les butteri dont nous avons déjà parlé, de jeunes garçons sont employés aux menus travaux et servent d’aides en attendant d’être promus bergers. Trente hommes vivent ainsi dans la même cabane, sous l’autorité du vergaro ; on se croirait dans une famille patriarcale si l’absence des femmes ne faisait de cette communauté un simple groupement de travail. Les bergers sont nourris par le patron, ils vivent de laitage et reçoivent du pain, de l’huile, des oignons, du vinaigre, quelques herbes et, aux grandes fêtes, du vin et de la viande ; ils n’hésitent pas d’ailleurs à manger les animaux qui meurent même de maladie contagieuse. Je ne les connais pas suffisamment pour émettre un jugement sur leurs sentiments et leur mentalité, mais, d’après les apparences, ce sont de braves gens, simples, dignes et hospitaliers, pas riches assurément, mais pas misérables d’aspect, courtois mais pas obséquieux. Ils semblent être assez religieux, car ils nous disent qu’ils oc-