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un pasteur qui lui loue toute sa ferme pour plusieurs années. L’opération est encore simplifiée par la concentration des troupeaux. Autrefois beaucoup de montagnards possédaient cent, deux cents brebis ; ils s’associaient pour louer un pâturage, mais ne pouvaient cependant affermer qu’une étendue restreinte ; en outre, ils n’étaient pas toujours très solvables ; le fermier général jouait donc le rôle d’intermédiaire utile en répartissant le terrain du domaine entre les bergers, en les choisissant et en prenant à son compte tous les risques vis-à-vis du propriétaire. Mais il s’est produit de la sorte une sélection entre les petits pasteurs ; beaucoup se sont endettés et ont été peu à peu expropriés par le mercante di campagna qui a réuni en sa possession tous ces petits troupeaux et en a constitué une masseria de 2 000 à 5 000 têtes qu’il a vendue ou bien qu’il a exploitée en régie au moyen de salariés ; il est alors devenu pasteur, propriétaire de brebis, mais a cessé d’exister en tant que véritable mercante di campagna. D’autres petits pasteurs n’ont pas été évincés de la propriété de leurs troupeaux ; au contraire, ils se sont enrichis, ont augmenté leur branco qui, avec le temps, est devenu une masseria qu’ils exploitent en affermant des domaines en pâturage. En somme, les vingt dernières années ont marqué une simplification dans le travail et une tendance très nette vers la spécialisation dans l’art pastoral transhumant en vue de la production du fromage. Au point de vue économique et financier, il y a certainement progrès sur l’âge précédent.