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cisément originaires des montagnes de l’Italie centrale d’où descendent les pasteurs ; ils passent les mers parce que leur pays est trop pauvre pour les nourrir. On peut donc dire sans paradoxe que la prospérité actuelle de l’art pastoral transhumant est due à la pauvreté du lieu où il s’exerce pendant l’été. La misère d’aujourd’hui peut être une cause de richesse pour demain ; nous avons pu constater, en effet, que l’émigration en Amérique a pour résultat non seulement la prospérité matérielle, mais le relèvement social de certaines populations. La livre de pecorino a passé en dix ans de 1 fr. 50 à 3 francs ; ceci nous explique que les fermages aient doublé, que le pâturage apparaisse comme le meilleur mode d’exploitation de l’Agro romano et que les propriétaires qui voient augmenter leurs revenus sans se donner de peine, nient la nécessité et l’opportunité de modifier leur système et de faire des améliorations coûteuses et aléatoires. Ce raisonnement ne manque pas de justesse et on ne saurait l’écarter sans examen.

On comprend que, devant les profits que donne le pâturage à brebis, les cultures se soient beaucoup réduites ; on constate môme que certains domaines sont aujourd’hui exclusivement en pâturage. Dans ces conditions, le mercante di campagna devenait un rouage inutile ; aussi a-t-il disparu, comme tous les organes inutiles, bien que nous soyons ici dans un milieu très traditionnel, peut-être même routinier, ce qui est une preuve plus forte de la rigueur des lois sociales. Il est, en effet, très simple et plus avantageux pour le propriétaire de traiter directement avec