Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la qualité des propriétaires : en 1873, la propriété foncière se répartissait ainsi :

Biens de l’Église 
 22 pour 100
Œuvres pies 
 8 —
Majorats 
 30 —
Propriétés libres 
 40 —

Depuis l’aliénation des biens ecclésiastiques, la mainmorte est réduite aux biens des œuvres pies, et depuis l’abolition des fidéicommis la propriété privée est complètement libre. Cependant ce sont encore les princes romains qui sont les principaux propriétaires de l’Agro romano. Ils sont peu nombreux et tous apparentés entre eux ; si une famille s’éteint, c’est un parent qui hérite de ses biens et en relève le nom. En réalité, ces familles princières, presque toutes d’origine népotique, forment une sorte de communauté dans laquelle restent les propriétés. À Rome on attache d’ailleurs un grand prix aux immenses possessions terriennes qui, outre les satisfactions de la vanité, procurent des revenus élevés et sûrs. Aussi les ventes de domaines sont-elles extrêmement rares et la valeur de la terre est-elle presque impossible à déterminer.

On suppose bien que ces propriétaires sont absentéistes. Pendant cinq mois de l’année, la fièvre rend la campagne inhabitable pour tous ceux que la nécessité de gagner leur pain quotidien n’oblige pas à affronter la malaria. Aussi le propriétaire romain ne séjourne-t-il jamais sur ses terres, même en villégiature ; ses villas sont aux portes de Rome ou dans les monts Albains. C’est d’ailleurs un urbain qui n’entend rien à l’agriculture,