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Pline décrivant la route qui conduit de Rome à sa villa de Laurentium, dit qu’elle traverse de vastes pâturages où paissent de nombreux troupeaux de moutons, de chevaux et de bœufs.

On conçoit bien comment l’art pastoral favorise le latifundium à exploitation extensive ; il faut, en effet, de grands espaces pour le parcours des animaux dont la garde par ailleurs n’occupe qu’un petit nombre de personnes. C’est ce qui explique que la culture ait été abandonnée peu à peu, et que la campagne se soit dépeuplée.

La situation ne s’est pas sensiblement modifiée au cours des siècles, malgré les changements nombreux et profonds qui ont affecté la vie politique et économique de Rome. C’est que la malaria, en rendant la campagne inhabitable au moins pendant l’été, a contribué à conserver le pâturage extensif et le latifundium. Nous avons vu que le sol de la province de Rome est riche en eaux. Ces eaux sourdent à la surface et forment des marécages si leur écoulement n’est pas assuré. Or la main de l’homme s’est retirée de la Campagne romaine le jour où l’art pastoral y eut établi son empire exclusif. Rien d’étonnant donc si on rencontre à chaque pas des eaux stagnantes et de petites mares provenant des dernières pluies. C’est dans ces mares que se développent les larves des moustiques qui, par leur piqûre, propagent le germe de la malaria. Cette maladie qui se manifeste par des fièvres périodiques, est due à un parasite qui vit dans le sang. Les malariques sont anémiés, incapables d’un travail énergique, et atteignent rarement à la vieillesse ; sou-