Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

davres. C’est là qu’il faut chercher la raison dernière de l’état inculte dans lequel est resté l’Agro romano. C’est aussi à la malaria qu’il faut attribuer le manque de voies de communication et l’insuffisance des services publics qui rendent plus compliquée et plus onéreuse la mise en valeur de cette région.

Nous venons de constater que l’intérêt économique du propriétaire semble être ici en opposition avec l’intérêt social de la nation. Le premier paraît exiger le maintien de l’exploitation extensive et du pâturage transhumant, le second exige impérieusement la culture intensive à production brute abondante et le peuplement de ce pays désert. Jusqu’ici la malaria a permis à l’intérêt privé de l’emporter sur l’intérêt social ; mais au fond l’opposition entre eux n’est qu’apparente. Nous le démontrerons par des exemples, mais nous devons faire remarquer aussi que la situation économique s’est modifiée. Une contrainte qui a échoué jadis peut donc être efficace aujourd’hui, mais elle devient presque inutile du moment qu’elle agit dans le sens des forces économiques.

Ce sont bien les forces économiques qui actuellement favorisent la transformation de la zone de bonification. L’accroissement de la population de Rome et le voisinage de la ville offrent de larges débouchés aux produits de laiterie et de jardinage. Les familles ouvrières trouvent aussi des facilités plus grandes dans la banlieue pour y fonder un établissement durable : il y a à proximité des ressources de toutes sortes, tant morales que matérielles. En somme, dans la zone visée par la loi